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Le Balisier du Grand Nord

Le Balisier du Grand Nord
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8 septembre 2010

Disparition de la comédienne chanteuse Jenny Alpha

jenny_alphaLa comédienne et chanteuse française Jenny Alpha, figure de la culture créole, est décédée mercredi à l'âge de 100 ans, a annoncé le ministère de la Culture dans un communiqué. Née en avril 1910 en Martinique, Jenny Alpha s'était installée à Paris en 1929 où elle pensait devenir institutrice. Elle sera finalement comédienne, chanteuse et croisera sur sa route de grands noms du jazz et du music-hall, Duke Ellington mais aussi Joséphine Baker.

Après la dernière guerre, "elle avait consacré toute son énergie, tout son talent, à la défense et à la reconnaissance de la culture créole, alors même qu'Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor se faisaient les chantres de la négritude", rappelle le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand en lui rendant hommage. Elle les rencontrera à Paris lors du premier congrès des écrivains noirs en 1956. Elle "aura été ainsi avant l'heure une très belle figure de cette diversité qui fait la richesse de la France, une France qu'elle aura servie aussi avec un grand courage en s'engageant dans la Résistance", ajoute le communiqué.

Après les boîtes de jazz, sa vraie naissance au théâtre avait commencé en 1984 dans "La folie ordinaire d'une fille de Cham" de l'écrivain antillais Julius Amédée Laou. A 94 ans, elle répétait encore "la Cerisaie" de Tchékhov, mise en scène par le Haïtien Jean-Pierre Lemoine. En 2008, à 98 ans, elle avait enregistré un nouveau disque "La sérénade du muguet", précise le communiqué.
(source AFP)

En hommage à sa carrière et sa personnalité exceptionnelle, la salle de casting du Point Culture Spectacles de Pôle emploi Martinique porte son nom depuis sa création.

à lire : son dernier entretien avec France Antilles

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28 août 2010

Hommage

Il n'y a pas dans le monde un pauvre, un pauvre type lynché, un pauvre homme torturé en qui je ne sois assassiné et humilié.

cesaire


où l’aventure garde les yeux clairs
là où les femmes rayonnent de langage
là où la mort est belle dans la main comme un oiseau
saison de lait
là où le souterrain cueille de sa propre génuflexion un luxe
de prunelles plus violent que des chenilles
là où la merveille agile fait flèche et feu de tout bois

là où la nuit vigoureuse saigne une vitesse de purs végétaux

là où les abeilles des étoiles piquent le ciel d’une ruche
plus ardente que la nuit
là où le bruit de mes talons remplit l’espace et lève
à rebours la face du temps
là où l’arc-en-ciel de ma parole est chargé d’unir demain
à l’espoir et l’infant à la reine,

d’avoir injurié mes maîtres mordu les soldats du sultan
d’avoir gémi dans le désert
d’avoir crié vers mes gardiens
d’avoir supplié les chacals et les hyènes pasteurs de caravanes

je regarde
la fumée se précipite en cheval sauvage sur le devant
de la scène ourle un instant la lave
de sa fragile queue de paon puis se déchirant
la chemise s’ouvre d’un coup la poitrine et
je la regarde en îles britanniques en îlots
en rochers déchiquetés se fondre
peu à peu dans la mer lucide de l’air
où baignent prophétiques
ma gueule
ma révolte
mon nom.

Aimé Césaire

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